Par conviction pour un monde plus vertueux. Après avoir fais des études de cinéma documentaire qui m’ont emmenées à filmer pendant 6 mois des chercheurs en agronomie et des agriculteurs sur l’île de La Réunion, j’ai découvert une agriculture formidable et regénérative pour l’environnement, l’écologie mais aussi pour le bien être de celles et ceux qui produisent et mangent des légumes issues d’une agriculture agroécologique. Dans le même temps, avec ma famille nous avions posés nos bêches et houes sur une petite parcelle de Lourmarin dans le Sud-Luberon afin de fonder notre aventure agricole. Aujourd’hui, je prends mon envol pour exercer avec passion le métier de maraicher et de cultivateur de la nature.
C’est après mon master de cinéma et mon travail sur l’île de La Réunion que je suis allé travailler dans la négoce agricole afin de me familiariser avec le monde paysan du Sud-Luberon. J’y ai rencontré les anciens comme les plus jeunes du métiers et peu à peu à travers leurs histoires, j’ai ensuite partagé mon désir de faire ce métier. En 2021, je fonde mon entreprise maraichère grâce à un voisin, ancien agriculteur qui me prête sa terre car il apprécie mon travail biologique qui va à l’encontre de ce qu’il faisait autrefois avec l’usage de pesticide et d’engrais de synthèse.
Le champ que Serge me prête fait 1,4 ha mais je n’exploite que la moitié, le reste est en engrais vert ou en jachère. Ce champ offre un terroir un peu inhabituel car je suis dans les contreforts du Luberon sur le flanc sud, hors la tradition veut que les meilleures terres maraichères soient 10 km plus au sud le long de la Durance pour des raisons de sols bien nivelés, de facilité d’irrigation et d’un limon riche. Mais, ce champ possède un passif, non loin le sol est juché de poterie, de tuile romaine, preuve que cette zone fut un temps un territoire agricole riche. Aujourd’hui, je redonne ses lettres de noblesse. Je suis seul pour mon entreprise qu’on pourrait qualifier de micro-maraichage. J’emploi des outils légers et mes deux seuls outils motorisés sont un motoculteur des années 50 et une débroussailleuse, le reste est manuel : du semis, désherbage à la récolte. Mon père ma initié aux richesses des variétés de tomates, en effet sa collection s’élève à 600 variétés différentes, moi plus modeste je n’en cultive qu’une vingtaine ainsi que d’autres légumes anciens, comme un haricot au gout de châtaigne, etc. Je fabrique mes propres plants et essaie de faire au maximum mes propres semences, ma production est modeste et suffit pour faire de la vente directe trois fois par semaine sur les marchés. Je me suis associé à une boulangerie qui fait du pain bio qualitatif et gustatif pour vendre mes légumes. Je vends aussi à de très bonnes adresses mes légumes, des restaurants étoilés de proximité.
- Mon terroir qui offre une biodiversité exceptionnelle (par exemple la présence de la magicienne dentelée, une sauterelle classée dans les espèces protégées qui se trouve dans mon champ)
- Mon choix variés de légumes populations
- Ma méthode en maraichage sol vivant pour le respect de ma terre
- Un circuit de distribution de proximité
- Culture de plein champ
- la sauvegarde de mes semences par un choix minutieux de portes-graines
J’applique des méthodes agroécologiques et m’inspire du courant maraichage sol vivant qui consiste à fixer un maximum de carbone dans le sol pour le nourrir, plus précisément nourrir les micro-organismes, les champignons, bactéries, insectes, etc. J’emploi beaucoup d’engrais vert pour apporter ce carbone ce qui maintient mon sol au repos, et je travail très peu mon sol ou alors de manière superficielle. En revanche, j’apporte un soin particulier à mes légumes, en sélectionnant des variétés anciennes et gouteuses, j’observe aussi leurs comportements durant la saison pour reproduire ce qui fonctionne ou ce qui ne fonctionne pas.
Je cultive environ 30 légumes différents, dont 20 variétés de tomates. Cette année je me spécialise dans les légumineuses : les pois et les haricots, avec 6 variétés différentes pour chaque espèce. Dans le but d’offrir le gout aux habitants du coin. Le vallon ou je cultive à ses rudesses climatiques et comme je suis en plein champ tout cela renforce les saveurs de mes légumes car ceux-ci fabriquent des racines suffisamment profondes pour aller quérir les minéraux et l’eau qui vont faire le gout et les sucres, ici il n’y a pas de perfusion avec des engrais azotés et de l’eau en abondance, ici le légume se renforce en saveur. Mon choix de variétés mise sur le gustatif parfois au détriment de la productivité, alors pour sauver la mise je vends directement afin de maitriser mes couts dans l’attente de m’agrandir un peu plus pour avoir des cultures sécurisantes d’un point de vue économique.