La ferme du Petit Mont
La ferme du Petit Mont
746 Route de la côte
74470 Bellevaux
France
Installation officielle en tant qu'agricultrice
Incendie qui détruit tous les bâtiments de l'exploitation : habitation, chèvrerie
Tout est reconstruit nouveau départ !
Enfant, j'ai voulu être "fermière" comme ma grand-mère. Après quelques années dans l'éducation, mon chemin m'a conduit vers Jean-Yves, informaticien sur Paris. Je quitte ma Normandie pour le rejoindre, mais la nature me manquait...
Après la naissance de notre 1er enfant, Jérémy, je décide de reprendre mes études alors que je suis enceinte de Marine notre 2e enfant. Je souhaite concrétiser mon rêve d'enfant, celui de vivre sur une ferme, apprendre à mes enfants que le travail de paysan est noble, qu'il permet de se nourrir ainsi que les autres. Mais une condition reste importante à mes yeux : le respect de la nature et des animaux. Ils nous procurent notre nourriture et nous savons l'apprécier et ne pas en abuser pour protéger "Dame Nature". Dès le début, nous avons par une agriculture durable et nous avons demandé le label Bio que nous avons tout de suite obtenu.
En 1994, nous avons eu un coup de foudre pour cette vieille ferme savoyarde située à 1000 m d'altitude dans le petit village de Bellevaux. Il faut tout refaire, de la source à la maison en passant par les champs. En effet, notre seul ravitaillement en eau est une source captée plus haut. Nous avons dû la mettre aux "normes", les champs étaient en friche (nous avons pris des ânes pour débroussailler), dans la maison, il n'y avait que 2 pièces à vivre sans chauffage, mais une vue imprenable sur les montagnes !
L'espace, l'impression d'être libre, que tout est possible ! Alors, pendant 1 an sans relâche nous avons transformé cette vieille bâtisse en une jolie ferme. Mon père étant maçon, j'apprends à monter les murs en agglos tout en étant enceinte.
Nous avons réussi à créer une ferme où les visiteurs se sentent bien.
J'ai appris à faire du fromage de chèvre sur le tas. Très vite, je suis récompensée de mes efforts par une médaille de bronze au concours régional, c'est encourageant.
Aujourd'hui, après 25 ans, j'ai les mêmes clients fidèles, ils sont devenus des amis. Nos restaurateurs, tous dans le guide Michelin (dont 2 avec 1 étoile), nous font confiance. Ils savent que si je n'ai plus de fromages, c'est pour laisser mes chèvres se reposer (j'ai toujours dit que ce n'étaient pas des formules 1 !) Respect et amour, voilà ce que je leur apporte en plus de la bonne herbe de nos montagnes.
Mais comme la vie n'est pas un long fleuve tranquille en 2005... 10 ans après mon installation, tout disparaît dans les flammes. En 50 minutes, nous perdons la maison, les souvenirs et notre travail : toute la ferme est détruite, il nous faudra 2 longues années pour tout reconstruire.
La leçon qu'on en tire : rien n'est acquis, mais avec beaucoup d'espoir et de courage, tout est envisageable ! C'est aussi l'occasion de montrer à nos 4 enfants qu'il suffit de se retrousser ses manches et que l'on peut y arriver. Ce n’est pas toujours facile, mais cela en vaut la peine !
La preuve : nous avons toujours les mêmes clients restaurateurs (ils nous ont attendu et soutenu pendant ces longs mois de labeur) et une magnifique récompense avec l'arrivée d'Hélène sur la ferme, elle prend la relève. Jean-Yves part en retraite, notre fille après avoir fait des études dans le commerce, refait une formation agricole.
Elle vient d'avoir une petite fille, alors, peut-être que ce joli rêve n'est pas près de s'arrêter...
C'est une petite ferme de montagne à taille humaine. J'ai commencé seule, Jean-Yves me donne de sérieux coup de main et travaille en plus sur la station, il a même dû repartir sur Paris pendant 8 mois. Je suis restée seule avec 3 enfants en bas âge, 50 chèvres, des volailles, des cochons et 5 ânes.
Nous avons commencé par la production de fromages de chèvre, du Chevrotin A.O.P. au bleu de chèvre en passant par les lactiques frais, natures, aromatisés, affinés. Très vite, la raclette de chèvre a trouvé sa place. Puis, je faisais des confitures avec les fruits de notre jardin. Je fabrique aussi des sirops (menthe, romarin, lavande...). Nous élevons quelques cochons (une dizaine par an) : ils nous permettent de valoriser le petit-lait issu de la fabrication fromagère et nous leur donnons un peu d'orge en complément en plus des restes de table. Enfin, nous avons quelques volailles pour les œufs et la viande.
Mais pour vivre de cette petite exploitation nous avons dû nous diversifier encore plus, donc dès les premières années nous avons accueilli des groupes de personnes déficientes (suite de mon premier métier, que j'aimais beaucoup). De fil en aiguille, nous avons créé une vraie ferme pédagogique, où nous recevons du lundi au samedi tous les matins et après midi des écoles, des centres de loisirs et des familles pour qu'ils découvrent notre joli métier, pour les sensibiliser au respect de la nature et pour leur apprendre à apprécier ce qui se trouve dans leur assiette.
Certains visiteurs se sentaient tellement bien sur notre ferme que nous avons décidé de construire une cabane dans les arbres (accessible aux personnes à mobilité réduite), et 2 gîtes.
- Ferme très diversifiée qui nous permet de rester à une petite échelle de production.
- Travail en famille, où chacun trouve sa place.
- Une clientèle ouverte sur une agriculture durable et bio, exigeante sur la qualité, mais qui accepte volontiers de ne pas avoir en permanence tous les produits.
- Nous prenons du temps pour transmettre les vraies valeurs aux enfants, futurs consommateurs, il nous semble important de les sensibiliser sur des produits frais et de qualité.
Un mélange de tradition et d'innovation.
Garder les valeurs que m'a inculqué ma grand-mère, le respect de Dame Nature, savoir se nourrir et produire sans détruire!
Dès notre installation nous avons cherché un moyen pour garder une agriculture durable, nous avons fait pâturer les ânes après les chèvres pour qu'ils nettoient les parcs et ainsi éviter de vermifuger nos caprins. En effet, les équins broutent à raz du sol et donc détruisent dans leur organisme les petits vers intestinaux, susceptible d'entrainer des maladies aux chèvres.
Pour l'hiver au lieu de jeter les refus de foin des chèvres nous les distribuons aux ânes.
Mais aussi l'innovation, aujourd'hui c'est courant les fermes pédagogiques mais il y a 25 ans nous étions des pionniers en la matière.
Jean-Yves nous a fait notre site internet en 2003, il a tout créé de la conception à la programmation.
Nous avons décidé de diversifier au maximum notre gamme de fromages de chèvre bio. Afin, de répondre à la demande. Les restaurateurs aiment présenter un large choix de fromages sur leur plateau, de notre côté nous leur livrons des quantités plus importantes donc moins de transport, ceci correspond à notre éthique : préserver à notre niveau du mieux que l’on peut, notre jolie planète.
Nous avons choisi de faire de l’agriculture durable et de ce fait bio, toujours dans le souci du respect mais aussi pour proposer des produits de caractères qui varient en fonction de ce que mange la chèvre, une diversité de fleurs à la belle saison, des feuilles à l’automne…