Autorisation d'exploiter /plantation des haies/montage des 3 premières serres/début des ventes
Lèna arrive sur l'exploitation/début des paniers par quinzaine et du marché hebdomadaire à St Aubin du Cormier/arrivée de l'eau
Création de notre site de vente en ligne et des « paniers recettes » de Lèna. Achat de notre terre, recherche d' un/e associé/e.
Nous cultivons des légumes bio, bons, locaux et originaux pour nourrir les concitoyens de notre territoire, en travaillant en particulier la fraîcheur.
Après une première carrière en costard cravate, je vendais des assurance vie auparavant, je décide de m’installer en maraîchage bio, sur 8,5 ha en 2011 à Vendel (35). Pour cela j'ai d'abord passé un BP de production horticole en 2008/2009 au lycée Jules Rieffel (44) où je découvre l'asimina, le feijoa et des agrumes très rustiques dans le parc du Grand Blottereau et les techniques pour les greffer ou les reproduire. Puis j'enchaîne avec une saison de salariat en maraîchage en 2009 chez Annie Bertin , connue entre autre pour ses mini-légumes. Par la suite, j'obtient un Brevet Professionnel de Responsable d'Exploitation Agricole en maraîchage biologique en 2010 au lycée agricole du Rheu (35) .
Le temps administratif pour l'installation est long, par chance la terre déjà en bio depuis 2006 m'attend dans le bassin versant du Couesnon. Mais c'est une terre nue. Dès que j'ai l'autorisation d'exploiter, j'installe des haies et doubles haies (plus de 2000 arbres dont des essences locales comme le cormier) pour accueillir la biodiversité, préserver les sols de l'érosion et protéger les futures cultures des attaques du vent breton.
Passionné de plantes exotiques, je tente le pari d’en cultiver ici à Vendel sur ces terres qu'on m'envie pour leur qualité excellente afin de compléter ma gamme de légumes « classiques » .
Le sol est limoneux, il craint la battance mais est très profond et ressuie très bien.
Les deux premières années, c'est très difficile mais je reste hyper motivé. Pas d'eau sur place, je fais le plein à l'étang voisin distant d'un bon kilomètre pour arroser dans les serres. Les plantes en plein champ doivent composer avec le temps.
Heureusement, une première Amap me soutient à Vitré : 25 paniers.
Au bout de 2 ans, après avoir fait venir l'électricité, un forage est fait : l'eau miraculeuse arrive pour soulager les tensions en production dans les serres.
En 2013, ma femme Lèna me rejoint : ensemble, nous avons développé un système de vente directe (marché, paniers, AMAP, et site internet) autour du goût et de la découverte. C'est tout naturellement que nous faisons visiter notre exploitation aux élèves futurs agronomes de Rennes. Nous ouvrons nos champs aux classes d'école du CE2 au CM2 proche de notre village (Javené, Romagné) via le programme Aliment'terre du REEPF (Réseau Éducation à l'Environnement du Pays de Fougères) avec qui nous collaborons depuis quatre ans déjà.
De même, j'ai fait partie d'un projet de court et long métrage sur les alternatives aux pesticides. Nous intervenons lors de projection-débat à ce sujet ou sur le circuit court avec les cinémas locaux (le cinéma associatif Le Mauclerc à Saint-Aubin-du-Cormier ou le cinéma Le Club à Fougères).
C'est essentiel de protéger la terre qui nous nourrit. Quand on nous demande, avez-vous changé de vie ? Nous répétons souvent que c'est pour nourrir la population qui nous entoure de bons produits variés. Nous également bien sûr. C'est un métier noble.
L'expérimentation nous motive sans cesse : nous avons accueilli des essais avec la FRAB (Fédération Régionale des Agrobiologistes).
Nous avons observé chaque semaine jusqu'à la récolte 25 variétés de salades connues ou pas encore mises sur le marché (observation sur la maturité, le poids à maturité, résistance aux maladies, aspects, rusticité…).
C'était génial de voir grandir ces jeunes pousses, de les appeler par leurs noms ou leur numéro.
Nous avons aussi repéré nos chouchous comme la 10 024 qui est devenue la Décision par la suite, une batavia énorme et magnifique raconte ma compagne qui allait voir « ses bébés » tous les jours.
En 2017, nous créons des tranchées pour installer des arrivées d'eau permettant une aspersion en plein champ. La canicule a trop grillé les jeunes plants en juin, limitait la croissance des différentes courges ou faisait monter les salades en fleurs trop promptement.
Je suis entré dans le réseau Dephy ferme : un réseau de démonstration et de production de référence sur des systèmes de cultures économes en intrants. Carotte et (avec un groupe d'une douzaine de maraîchers bio en Ille-et-Vilaine) est devenue une ferme pilote pour la réduction des engrais (biologiques) puisque nous utilisons zéro intrant issus de l'industrie pétrochimique.
- SAU : 8,5 ha
- 2 UTH
- Production : légumes, fruits et fruits exotiques
- Commercialisation : AMAP, 1 marché, paniers, vente à la ferme, vente par internet, restaurants
- Sur cinq serres, j'en ai dédié une à ces productions exotiques.
- En plein champ, je cultive de la capucine tubéreuse, le kiwi jaune, de la patate douce, de la poire de terre, ou du jicama, une sorte de haricot ayant une grosse racine, on peut le manger en dessert, cru ou sautée au wok. J'ai planté aussi des asiminiers : des arbres que j'ai fait venir du Kentucky (États-Unis).
Je fais aussi la part belle aux légumes plus classiques : panais, oignons rosés de Roscoff, topinambours violets de Rennes, framboises jaunes de Jersey, choux de Lorient, rhubarbes, cassis, fraises ou myrtille, pommes de terre cornes de Gatte et bleues de la Manche, pommes reinettes de Caux...
Dans les serres, nous cultivons des tomates (4 variétés de tomates cerises, 10 variétés de tomates anciennes + 2 classiques rouges et rondes) en été ont leurs places réservées avec les shizo, la mertensia, la ficoïde glaciale, les pastèques, les melons et divers piments.
Plus d'une centaine d'espèces de légumes, petits fruits, plantes aromatiques et fruits se succèdent sur les terres ou sont cultivés à l'année.
Je parle anglais et espagnol, ce qui m’aide pour dégotter des plantes peu communes. Quand je trouve un nouveauté qui me plaît, souvent au détour de recherches sur internet, je me demande si ça pousserait chez nous.
Si ça tient la gelée, j’estime que nous pouvons tenter. Je réserve les serres aux plantes qui ne résisteraient pas à nos frimas, mais elles doivent tenir plus ou moins jusqu'à -5°».
Pour les cultures en plein champ, comme le jicama ou la patate douce, je les cultive à la belle saison sur butte, pour que la terre réchauffe bien.
Cette année, je viens d'intégrer le gob : Guilde of Ocas Breeders : une guilde européenne d'obtenteurs d'ocas du Pérou.
Lèna a travaillé dans la restauration et en tant que documentaliste. Elle conjugue ses deux anciens métiers pour élaborer ou trouver des recettes à donner aux clients.
Ses origines espagnoles et ses années, passées à La Réunion, lui ont aussi permis de savoir accommoder beaucoup des légumes atypiques produits sur la ferme.
Nous avons noué des liens proches avec des restaurateurs curieux comme le chef Jullian Pekle qui a travaillé au Cordon bleu au Japon ou Gabrielle Ogé, de La tonnelle à vin, à Rennes. Cette chef teste tout ce que nous avons.
Cela nous permet aussi d’apprendre car les cuisinisiers ont des intuitions, ils expérimentent des recettes auxquelles on n'aurait jamais pensé. Leurs conseils culinaires permettent de nouer des relations privilégiées entre producteurs et restaurateurs, pour rejaillir sur les clients.
Lèna a également pris le parti de laisser systématiquement les fanes comestibles sur les légumes. Quand les gens savent que ça se mange, ils sont ravis de découvrir de nouvelles recettes et de moins jeter. Cela montre le degré de fraîcheur de nos fenouils, carottes, navets, betteraves ou autres feuilles qui peuvent se consommer.
Nous sommes fiers de nos produits : nous n'avons pas de chambre froide. Tout est récolté en direct juste avant d'être vendu.